Raisonnement économique

«C’est à l’armée américaine que nous devons l’informatique et l’internet» – vieille antienne étatiste. Et c’est sans doute à Staline que nous devons le génie musical de Chostakovitch, ou le génie mathématique de Kolmogorov.

Pour démonter ces sophismes, et tant d’autres, j’ai écrit un article: raisonnement économique contre sophismes comptables: le cas de la recherche «publique».
Un peu long, mais ça fait je l’espère le tour du sujet.

Etat à tous les étages

Depuis quelques jours je peux lire le quotidien 20 Minutes, journal gratuit distribué dans les transports en commun d’Ile de France. La politique est à chaque page, tout simplement parce qu’en France, il n’y a pas d’actualité sans Etat. Pour vous je passe en revue quelques jours de news. «Neuf prostituées interpellées»
La loi de Sarkozy sur le « racolage passif », qui condamne virtuellement toute femme montrant ses chevilles pour racolage, est en vigueur… une petite illustration de l’Etat moraliste, qui prétend régir la vie d’adultes consentants…

et pendant ce temps:

«Il y avait de gros problèmes de sécurité la nuit, ils ont préféré fermer»
C’est un employé de Easyinternetcafé, cybercafé parisien, qui le dit. Officiellement, c’est uniquement une décision de « business », même si le patron reconnaît qu’il y a bien un problème de délinquance. Et pourquoi est-ce une décision « business » alors ? «le coût représenté par les agents de sécurité n’est pas totalement étranger à cette évolution.»
C’est vrai que faire la chasse aux prostituées c’est plus facile que s’occuper des racailles…

Sur la même page, une polémique politicienne sur l’usage de terrains: construire un bâtiment pour un hôpital ou sauvegarder les carrières «qui abritaient les premières champignonnères de Paris» (on comprend que ce soient les Verts qui veulent les sauver…) ?
Evidemment, si tout cela était privé, cela serait réglé par des arrangements, des contrats, le Droit. Dès lors que c’est politique, on fait trainer le dossier, on prend le temps de l’exposer publiquement, et on se trouve comme ça une justification à son pseudo-travail!

Passons vite sur «le consulat du Sénégal occupé par des sans-papiers», les problèmes d’immigration n’existant que parce qu’il y a des Etats distributeurs de subventions, véritables aspirateurs à pauvres pleins de rêves qu’ils ne pourront jamais concrétiser dans une société sclérosée comme la nôtre.

Je tourne la page… «deux gardiens passeurs de hasch écroués». Deux problèmes en un titre: 1/ la corruption, 2/ la drogue…
Pour corrompre des fonctionnaires, il faut des fonctionnaires. Pour « passer » de la drogue, il faut d’abord l’interdire. Deux problèmes fondamentalement créés par l’Etat.

«Alègre, les ripoux et les partouze» Le tueur en série aurait bénéficié de protections policières… Juste à côté, c’est José Bové qui va lui par contre faire peut-être de la prison: il ne veut pas qu’un juge d’application des peines réduise sa peine, ce doit être Chirac en personne…

Plus inquiétant, mais en plus discret: «Environnement: le projet de charte remis à Bachelot». C’est une nouvelle partie de la Constitution Française qui s’annonce! On craint le pire…

«2ème ligne de métro à Rennes; Grève des TER; Les Pyrénées se défendent»: la première ligne de métro n’est pas rentable mais qu’importe, une seconde verra le jour en 2020, autant l’étudier tout de suite, grève à la SNCF, rien de nouveau, et un sujet sur l’environnement: puisque l’espace n’appartient à personne, EDF peut y poser autant de lignes que souhaité.

Bon, j’ai atteint seulement la page 6, et il y bien l’Etat à chaque page. Problèmes créés par l’Etat ou futurs problèmes en gestation, il y a tout l’éventail. Je pourrai continuer avec «Elf, divorce aux frais de la princesse», ou comment les gros bonnets de l’Etat ont piqué dans la caisse pour acheter appartements, et silence surtout pour une « ex » embarrassante, un suicide d’un détenu dans une prison, des immigrés « clandestins » expulsés, une évasion (décidément les prisons…)

et ça c’est pour un seul numéro de 20 minutes! Mais vous le saviez déjà: en France, l’Etat est incontournable. Il est partout.

Fête de l’internet : c’est pas très net

L’association qui fêtait cette année internet semble plus être une adepte des subventions publiques que de la transparence. Récemment était organisée une soit disant « fête de l’internet ». Un site web a ainsi été créé (http://www.fete-internet.fr).

Mais par qui ? Pour faire quoi au juste ? Avec quel moyens ?

Soupçonnant ce site d’être une émanation gouvernementale de plus, j’ai écrit à Eve Moreau (eve@pythagore-mediation.fr), la responsable de ce site, pour avoir des précisions sur les objectifs de ce site et son financement (connaître notamment le montant des subventions publiques dont ce site a vraisemblablement bénéficié).

Je n’ai d’abord eu aucune réponse (au bout d’une semaine d’attente).

Après que je lui ai envoyé un deuxième mail, elle m’a demandé d’avoir « l’amabilité de me présenter ».

J’ai donc répondu que j’étais un simple citoyen qui voulait savoir à quoi étaient dépensés ses impôts (ce conformément à l’article 14 de la déclaration des droits de l’homme).

Cela fait maintenant 15 jours que j’ai envoyé ce mail. J’ai envoyé deux relances. Je n’ai toujours pas eu de réponses.

Fêter internet, ce n’est apparemment pas pour Eve Moreau en particulier et les responsables de ce site en général, fêter la transparence.

N’hésitez donc pas à leur envoyer des mails pour qu’ils nous communiquent (enfin) le montant des subventions publiques dont ils ont bénéficiés.

Le détail des mails que j’ai échangé avec cette mystérieuse association qui a honte d’annoncer le montant des subventions publiques dont elle bénéficie, combien elle nous coute :

From: Christophe VINCENT To: eve@pythagore-mediation.fr Sent: Friday, March 21, 2003 10:44 PM Subject: Financement ?

Bonjour,
Pourriez vous me dire qui vous êtes, quelles sont vos sources de financement (le montant des subventions publiques dont vous bénéficiez notamment) et à quoi cet argent est employé ? Merci. Cordialement, Christophe VINCENT

From: Christophe VINCENT To: eve@pythagore-mediation.fr Sent: Saturday, March 29, 2003 12:23 AM Subject: Tr: Financement ?

Bonjour, Je me permet de vous renvoyer mon mail n’ayant pas reçu de réponse de votre part. Pourriez vous me dire quel a été le montant des subventions publiques dont vous avez bénéficié et à quoi il a été employé ? Merci. Christophe VINCENT

From: eve To: Christophe VINCENT Sent: Sunday, March 30, 2003 1:49 PM Subject: Re: Financement ?

Bonjour, Auriez vous déjà l’amabilité de vous présenter pour que je réoriente votre demande bien à vous Eve MOREAU

From: Christophe VINCENT To: eve Sent: Sunday, March 30, 2003 6:56 PM Subject: Re: Financement ?

Bonjour, Je suis un simple citoyen qui aimerai savoir à quoi ses impôts sont dépensés. Est ce que cela a quelque chose d’anormal ? Merci d’avoir l’amabilité de me donner les renseignements que je vous demande ou alors de me mettre en contact avec la personne succeptible de me les donner. Cordialement, Christophe VINCENT

From: Christophe VINCENT To: eve Sent: Sunday, April 06, 2003 7:21 PM Subject: Tr: Financement ?

Bonjour, Je n’ai toujours pas reçu de réponse de votre part concernant les subventions que vous touchez et ce à quoi elles sont employées. Je vais finir par croire que vous ne voulez pas me donner ces informations. Cordialement, Christophe VINCENT

From: Christophe VINCENT To: eve Sent: Thursday, April 10, 2003 11:32 PM Subject: Tr: Financement ?

Bonjour, Je n’ai toujours pas reçu de réponse de votre part concernant les subventions que vous touchez et ce à quoi elles sont employées. Toucher des subventions et ne pas avoir le courage d’en annoncer le montant à quelqu’un qui le demande poliment n’est pas de très bon augure. J’en prends note et je ne suis pas le seul. Christophe VINCENT

Jospin II

«Il est utile, autant pour le débat interne que pour la vie démocratique du pays, qu’un homme de l’expérience de Lionel Jospin s’exprime. »
dixit Delanöe.

Jospin, celui qui avait prétendu arrêter la politique il y a un an ? Quel panache, n’est-ce pas ? He bien le « militant Jospin » revient, puisqu’il est aujourd’hui 13 avril sur Europe1.

Des promesses

Pour un homme politique, ne pas tenir ses promesses c’est la base du métier. Seulement il faut gagner les élections aussi. C’est certainement là toute la difficulté de la politique : trouver un prétexte ou un bouc émissaire pour faire oublier ses propres échecs, tout en s’appropriant la réussite des autres, sans que personne ne s’en rende compte ou ne le relève, voire, encore mieux, faire passer un désastre pour un succès. Toutes les recettes sont bonnes. Evidemment réussir de tels tours de passe-passe n’est pas à la portée de tout le monde. Jospin avait beau prétendre être à l’origine de la croissance de 1998-2000, il n’en a pas moins perdu les élections présidentielles. Mais ses alliés politiques n’ont pas renoncé à réclamer son « héritage », comme par exemple Dominique Strauss-Kahn dans l’émission « 100 Minutes pour convaincre » (voir le commentaire de Claire ).

Par contre, les 35 heures semblent vues par un grand nombre de gens comme un succès majeur, au moins sur le plan « social », car les jours de RTT dont profitent surtout les classes moyennes écrasées d’impôt, sont bienvenus. Mais là aussi, la perception économique est différente : tout le monde a pu constater les difficultés engendrées par ce projet dans son entreprise.

Maintenant, c’est au tour de Jean-Pierre Raffarin de s’essayer à l’exercice périlleux de faire passer des vessies pour des lanternes, de trouver un bouc émissaire, de détourner l’attention, bref de trouver l’arbre qui cachera la forêt.

Premier ministre de chirak , il devrait en théorie mettre en œuvre le programme du président . Pour se faire élire, celui-ci a fait des promesses. 30% de baisse d’impôt sur le revenu dans 5 ans par exemple. Une promesse qui n’engage à rien puisqu’il ne dit pas ce qui va baisser par rapport à quoi. Les taux ? Les montants absolus ? Les montants hors inflation ? L’assiette va-t-elle changer ? Avant même venu le temps de décevoir, le président se ménageait des issues de secours, en entourant sa promesse d’un large flou artistique. Règle n°1 : quand vous faites une promesse, faites la tellement vague qu’elle peut vouloir dire tout et son contraire : tout le monde se sentira concerné, et si vous ne la tenez pas, dites que vos détracteurs vous ont mal interprété.

A peine élu, chirak a nommé son gouvernement, avec à sa tête un « humaniste libéral » (voir à ce sujet mon article): jean pierre raffarin. A peine nommé, ce gouvernement faisait savoir qu’il ne pouvait tenir les promesses du président. Les restaurateurs attendent toujours la baisse de la TVA (moi aussi !). Patatras : Bruxelles refuse ! Règle n°2 : faites des promesses qui ne dépendent pas de vous, comme ça si vous ne pouvez la tenir, blâmez un tiers.

Mais il y a pire : le budget 2003 dérape, alors que le budget 2002 est (plus) catastrophique (que prévu) (voir la brève de Claire). Il faudra donc renoncer aux « baisses » d’impôts. Déjà il y a quelques temps Francis Mer avouait que les « baisses » étaient compensées par d’autres hausses, si il n’y a plus de « baisse », il faut donc en conclure qu’il y aura une hausse nette. Règle n°3 : mentez par omission, personne ne pensera à vous reprendre.

Alors, comment Raffarin va nous faire avaler cette couleuvre, après avoir fait campagne sur les baisses d’impôts ?

Intervient alors la règle n°4 : minimisez ! Il faut donc faire croire que la catastrophe n’est pas si grave que ça. Comment ? Bataille de chiffres, manipulation, tout est bon. Malheureusement avec l’euro, ça ne marche plus aussi bien qu’avant : le politburo la commission de Bruxelles veille ! Le traité de Maastricht stipule que le déficit budgétaire des pays de la zone euro ne doit pas dépasser 3% du PIB. Rien que ce chiffre est en lui-même un mensonge : 3% du PIB rapporté au budget de l’Etat, c’est 20% de déficit quand on compare les recettes aux dépenses. Mais 3% c’est toujours mieux que 20 dans un discours !

Mais passons, puisque 3% cÂ’est « acceptable ». Peine perdue : le budget 2003 fera plus : « trois virgule epsilon, moins de 3,1 % » dixit Raffarin. Epsilon en langage ministériel ça veut dire en réalité des centaines de millions dÂ’euros. Et la ministre aux affaires européennes dÂ’ajouter : « [on] a mordu la ligne jaune mais ne l’a pas dépassée ». Avec les arrondis, cÂ’est encore plus simple : « il n’y a pas de différence fondamentale entre 2,9 % et 3,1 % » (Francis Mer). CÂ’est exactement lÂ’argumentation française. Aucune mention des arrondis dans le traité de Maastricht ? Vous avez devant vous un exemple de la règle n°5 : redéfinissez les règles en cours de route !

Tout cela aura bien un impact sur les Français ceci dit. Puisque le déficit s’élargit de jour en jour, il va bien falloir le combler, non ? Non. Surtout pas de baisses de dépenses : la rigueur et le social ! Comme si l’argent de l’Etat était dépensé au « social ». 14% pour le service de la dette, 50% pour les salaires des fonctionnaires, 10% dits d’ « investissement », reste… pas grand-chose. En fait le RMI représente à peine quelques milliards d’euros, quasiment rien en regard du budget total. Le reste du « social » ? Mais c’est la Sécurité Sociale qui le gère, pas l’Etat central ! D’où la règle n°6 : mélangez tout, personne ne saura faire la différence.

Mais ce n’est pas fini : parce que vos adversaires politiques ne lâchent pas le morceau, il faut en rajouter. Il faut donc trouver un coupable supplémentaire au désastre. Les budgets ont été construits sur l’hypothèse surréaliste de 3% de croissance. Elle n’atteindra pas 1,5%. C’est donc la faute à la croissance. Mais comme en cas de croissance le ministre cherchera à se l’approprier, il faut trouver une cause à cette croissance misérable. Facile : c’est la faute à la situation internationale. D’où la règle n°7 : c’est toujours la faute aux Américains quelque part.

Alors que faire ?

DÂ’abord, continuer sur la pente du socialisme : « La justice sociale, ce n’est pas la distribution à tous, c’est des efforts en direction des plus fragiles » (Raffarin). Selon Thomas Sowell, la justice sociale « cÂ’est lÂ’envie plus la rhétorique ». Mais Raffarin nÂ’est pas libéral, il est « libéral humaniste ». Un étatiste pour faire simple.
DÂ’ailleurs, si les déficits ne peuvent être contenus, en tout cas pas par Raffarin, autant leur donner une justification : il faut soutenir lÂ’activité ! Et Keynes à la rescousse : « Ce n’est pas lorsque la croissance est incertaine qu’il faut serrer plus que nécessaire les dépenses. Cela conduirait à déprimer davantage la conjoncture ».

Autant dire que cÂ’est foutu pour les baisses dÂ’impôts. Le déficit va continuer à sÂ’alourdir étant donné que la croissance est quasi-nulle, quÂ’aucune action nÂ’est entreprise pour alléger lÂ’Etat. Il va peut-être même falloir recourir à une hausse de la CSGÂ… Alors, quelle justification va trouver Raffarin ? Aucune : il va nier tout en bloc : « Nous n’irons pas à rebours de nos engagements de baisse ». Ne vous inquiétez pas, personne nÂ’ira le reprendre, et cÂ’est pourquoi il peut utiliser la règle n°8 : mentez, personne ne sÂ’en souviendra.

Comment est-ce possible ?

Finalement, on se demande comment les politiciens peuvent débiter tout cela sans jamais être repris. Car tout cela ne pourrait fonctionner sans deux ingrédients essentiels : la complicité médiatique d’une part, l’illettrisme économique d’autre part.

Complicité médiatique car les journalistes sont trop serviles pour attaquer leurs maîtres, quand ils ne sont pas acquis à leur cause. Illettrisme économique car du collège à l’université les professeurs doivent enseigner le keynésiannisme, l’interventionnisme, l’étatisme comme solution ultime à tout problème.

Et si jamais un politicien n’arrivait pas à s’en sortir par une pirouette, il pourrait toujours dire : l’Etat, c’est vous. Et d’ailleurs ils le font : Hervé Morin, président du groupe UDF à l’Assemblée Nationale a déclaré : « il faudra dire aux Français qu’ils dépensent trop et qu’il faut arrêter les égoïsmes ».

D’où la règle n°9 : tout ça, c’est de votre faute. Doit-on en conclure qu’on a le gouvernement qu’on mérite ?
PS: j’ai écrit cet article il y a un mois au moins de cela, et il est déjà paru sur le Québécois Libre. Aujourd’hui Raffarin n’a plus besoin d’excuses, l’Iraq suffit. Mais Raffarin est quand même tenu pour responsable semble-t-il par les Français, dixit les sondages calamiteux. Tant pis pour lui. A quand une politique libérale ?

Egalité

En France, on aime l’égalité. Enfin, c’est le discours officiel : « liberté, égalité, fraternité ». Alors parlons-en de ces trois « valeurs fondatrices de la République », pour emprunter au jargon des politiciens, en prenant l’histoire parallèle de deux sœurs. Elles sont arrivées en France il y a une vingtaine d’années, chassées par l’une des tyrannies les plus sanguinaires du siècle dernier. Là elles ont appris la langue du pays, ont adopté ses coutumes, tout en gardant leurs spécificités culturelles.

Contrairement aux prédictions des déterministes de tout bord, elles ont toutes deux réussi dans leur pays d’accueil. Et pourtant, il y a entre une inégalité criante. Laissez moi vous expliquer.

La plus jeune, appelons-la Prune, est une rebelle. Elle a son caractère bien trempé. Elle n’a jamais vraiment accepté les rites surannés d’une culture qu’elle ne connaît que par ses parents. Son aînée, que j’appellerai Grande Sœur conformément aux traditions de leurs parents, est plus réservée. Elle a connu la guerre, la faim, la peur, la terreur même. Contrairement à Prune, elle respecte plus l’autorité, la coutume, enfin, elle préfère s’en accommoder en tout cas : elle transige, elle fait semblant. Prune n’acceptera jamais ce qu’elle pense mauvais, faux ou injuste, pas la peine d’insister !

Deux personnalités bien différentes donc. Et des chemins divergents aussi : Prune est plus dure à la tâche, obstinée. C’est une bosseuse, et elle est douée. Sa Grande Sœur aussi ceci dit : elles ont toutes les deux des bonnes notes à l’école, et sont souvent, voire même presque tout le temps, les meilleures de leurs classes respectives.

Prune a choisi après le bac une voie d’excellence : une prépa HEC. Grande sœur, moins attirée par la compétition, plus timorée peut-être, est partie en faculté. 3 années de physique pour décrocher une licence. Et ensuite, que faire ? Après la fac, elle a suivi ses ami(e)s : concours d’infirmière, raté une fois. Puis concours d’instit. Raté aussi une fois. Elle le repasse une seconde fois. Elle a maintenant 25 ans, et elle finit par l’avoir. Pendant la préparation des concours elle prendra les cours à distance, vivant tout de même dans une certaine oisiveté. Le luxe d’avoir le temps en quelque sorte.

Prune pendant ce temps a quasiment fini ses études, malgré les 5 années d’écart : 2 ans de prépa pour intégrer une très bonne école de commerce française. La consécration d’années d’efforts ininterrompus pour elle. Et le résultat d’un choix conscient, de sa volonté propre. Les 3 années d’école se déroulent très bien aussi. Elle arrive au bout sans anicroche, en se payant le luxe de suivre l’une des spécialisations les plus dures : finance. Et elle excelle dans les matières les plus redoutées !

A 22 ans, Prune sort de son école. Elle trouve un stage, et signe dans la foulée un contrat de travail à durée indéterminée. Une grande entreprise française lui fait confiance pour contrôler la gestion d’une filiale, et lui confie d’autres missions. Elle a des responsabilités importantes pour une fille de 23 ans tout juste. Mais elle assume. Elle prend des risques. Elle va de l’avant.

Quand Grande Sœur quitte l’IUFM, elle a 27 ans. Envoyée en banlieue parisienne, elle récolte des classes dures, avec des parents croyants dur comme fer que le racisme est la seule cause des mauvaises notes des enfants, où les gosses de 10 ans jouent à « chat-feuj » et autres joyeusetés de nos cours d’école. Un métier difficile, et peu souvent gratifiant. En tout cas intellectuellement, car pour le reste…

Car les deux sœurs, malgré leurs cursus à l’opposé, touchent le même salaire net. Environ 1500 euros par mois, nets de cotisations sociales. Et parlons en des cotisations sociales : Prune paye environ 25% de charges, Grande Sœur 20%. A la clé, un écart de 200 euros ! Et il y a les avantages liées à ces cotisations : Grande Sœur a une couverture sociale plus large que celle de Prune, couverte par une assurance privée.

Mais ce n’est pas tout. Grande Sœur dispose d’un appartement : 300 euros de loyer, pour une surface qui en vaut 7 à 800 en région parisienne. Subvention non comptabilisée sur la fiche de paye au passage, ce qui évite de payer des impôts dessus : 400 euros mensuels.

Nous voilà donc à un écart de 400 euros mensuels en faveur de Grande Sœur, pourtant payée 200 euros de moins en brut. Mais je n’en ai pas encore fini. Grande Sœur habite près de son école, et fait environ 5 minutes de trajet en voiture pour se garer sur un parking réservé, pour lequel elle ne paye évidemment pas. Prime de transport : 150 euros mensuels. Prune paye quand à elle 50 euros de carte orange, remboursée à moitié par son entreprise.

Evidemment, tout cela ne tient pas compte des jours de maladie que Grande Sœur peut prendre à volonté, causés par le stress psychologique de l’enseignement. Il faut croire que ce stress là compte plus que celui engendré par les impératifs de production que Prune subit. A moins que l’employeur ne soit moins regardant sur le taux d’absentéisme. Et il y a aussi les jours de grève. Les jours de formation. Les vacances aussi…

Au final à combien peut être évalué l’écart de salaire entre les deux ? Il faudrait encore tenir compte de la sécurité de l’emploi, du régime de retraite, etc. Alors je vais en rester à l’évaluation financière, car il est impossible de mesurer des avantages et inconvénients aussi divers. Résultat final donc : +600 euros par mois pour la fonctionnaire. Pour la suiveuse. Pour celle qui manque d’initiative. Pour celle qui ne prend pas de risque. Oh, j’ai oublié de préciser : elle a toujours été nulle en grammaire.

Tout cela pour dire que l’Egalité Républicaine, c’est bien beau, mais elle n’existe pas. Et pour cause : elle ne peut être atteinte : soit on compare des sommes, en faisant abstraction comme je le disais des peines et des rétributions annexes, soit on néglige les avantages financiers. Or les deux sont indissociables. Toute personne sensée fait un calcul mettant en balance chaque avantage et chaque inconvénient, financier ou autre. Chaque métier comporte un équilibre entre les termes financiers et le reste. Passion mal payée, dur labeur mal rétribué. Toutes les situations existent.

Rechercher sans cesse l’égalité financière aigrira ceux qui jugent leur tâche ingrate, ou particulièrement ardue. Et de toute façon, qui va s’avouer « bien payé » ? On serait toujours content de gagner plus ! Au final, ces calculs ne font que nourrir le ressentiment des uns et des autres.

Dans une société qui se politise, où les revenus des uns et des autres sont déterminés en grande partie par les taxes et les subsides, cela amène aussi aux petits calculs auxquels je viens de me livrer. On pèse le pour et le contre du salaire de milliers de gens, voire de millions, on pointe du doigt les « profiteurs » (fonctionnaires ou entrepreneurs), on fustige les « riches ». Dans une telle société, le meilleur moyen de s’approprier une rente est de former un groupe aux intérêts homogènes et défini. Par exemple en étant prof.

Et voilà comment on fonde la division, la haine de « classe », raciale.

Le seul moyen de sortir de ces calculs mesquins, de cette généralisation de l’envie, de la jalousie, de la comparaison malsaine, est de rendre à chacun ce qui lui appartient, en rendant à chacun ce qui lui appartient. Cela signifie aussi privatiser les « services publics », sans quoi les fonctionnaires continueront à subir l’opprobre des autres. Nous verrons bien alors ce qu’ils valent réellement, quand leurs salaires résulteront des contrats passés et non de l’argent capté par la force.

Et quand enfin la société sera dépolitisée, libre, les égalitaristes obtiendront ce qu’ils recherchent vainement : la paix sociale, par la seule égalité qui puisse exister et être juste : celle de l’égalité en Droit.
PS: j’aurais pu écrire l’histoire en parlant de deux frères l’un camionneur l’autre à la SNCF, en accentuant encore le côté inégalité criante à la fois financière et de conditions de travail, mais je voulais justement donner un côté plus équilibré. Grande Soeur fait vraiment un travail difficile, et il serait profondément injuste de la critiquer là-dessus, d’autant qu’elle n’a pas choisi le métier pour les avantages.

Total denial of reality

C’est ce que j’ai écrit sur The Command Post ( www.command-post.org) dans un commentaire à propos de l’attitude française.

D’abord ce sont les gros titres des journaux qui subitement passent de l’Irak aux vacances scolaires, aux hausses d’impôts locaux, où à je ne sais quoi, ensuite France 3 qui fait un reportage sur l’horreur du régime de Saddam à contrecoup, car pourquoi ne pas l’avoir diffusé AVANT la guerre….

et maintenant vous voulez le pire ?

Le pire c’est ça:

La réaction d’un collègue de taf à qui je montre la photo: « trucage« . TOTAL DENIAL OF REALITY.

Baghdad libre!

Ca y est, la foule en liesse abat les statues de Saddam et acclame les GI’s!

Quelle leçon fantastique pour les dictateurs arabes!
Quelle espoir formidable aussi!

Bravo les Marines!

Tout n’est pas encore fini, mais ça approche de la fin! Allez, plus que quelques villes, et c’est FINI!

Schizophrénie Socialiste

«Être de gauche, c’est une maladie mentale», a dit Malliarakis. Bernard-Marie Koltès, auteur encensé par l’intelligentsia gauchiste, nous en fait la démonstration par l’exemple avec son éloquente pièce Dans la solitude des champs de coton.

Ayant été invité à une remarquable représentation de cette pièce, je n’ai pas pu m’empêcher de prendre des notes durant toute la pièce, et de produire en fin de compte cette critique idéologique: Schizophrénie socialiste.

Chirak et ses amis

Lu ce jour sur la page Filnews de TF1.fr:

« 15:56 Message de Jacques Chirac à Mouammar Kadhafi mettant en lumière la « nécessité de continuer d’agir pour arrêter la guerre en Irak et sauvegarder le rôle de l’Onu » (agence officielle libyenne Jana) »

Villepin a aussi déclaré:
«Foreign Minister Dominique de Villepin told Parliament that « in this war, [France] is on the sides of its allies, the democracies. »Â»

Mais il l’a dit un 1er Avril…