Nos bons princes

J’aime le journal Le Monde, enfin disons plutôt que j’aime le détester. Tous les jours ou presque j’y trouve une raison de m’indigner. Cette fois-ci c’est à propos d’un article anodin, titré sobrement  » Vie privée, vie publique: les politiques abolissent la frontière « . Le véritable titre aurait du être :  » népotisme au gouvernement « , car il traite des ministres qui donnent un poste à leur famille au sein de leur équipe. Ce ne serait pas grave s’il s’agissait de leur argent, après tout, il est normal de faire plus confiance à des membres de sa famille, à fortiori à son conjoint, qu’à des amis politiques. On peut aussi trouver autour de soi des personnes avec des compétences ou des qualités providentielles pour occuper des postes importants. Mais alors, la providence fait bien les choses, car ils sont nombreux à travailler pour la famille dans les ministères !

Népotisme républicain

En fait la vérité est toute autre selon Le Monde, ils ont été choisis  » au nom de la seule appartenance familiale « . Encore une fois, si vous êtes propriétaire de votre entreprise cela est légitime : vous agissez selon votre volonté avec votre propriété. Mais ce n’est pas le cas : il s’agit de ministres, en charge du budget de l’Etat, c’est-à-dire de l’argent pris par la force aux citoyens sans défense. Cela n’est pas choquant toutefois pour notre journaliste, tout risque de poursuites légales étant écartées :  » le ministre est libre de choisir les membres de son cabinet « . C’est l’une des caractéristiques de la  » République Fromagère 1 » : les fromages les plus coulants sont aussi légaux, car ce sont les mêmes qui font la loi et se l’appliquent. Quand ils ne se jugent pas eux-mêmes, comme dans le cas des ministres avec la Haute Cour de Justice, juridiction d’exception2 .

Toutefois,  » que Libération rapporte (le 12 septembre) que l’épouse du ministre se mêle un peu trop de la vie du cabinet de son mari a déjà un peu plus agacé « . Matignon et l’Elysée se sont tout même sentis un peu gênés, mais l’on ne sait pas si c’est par les nominations douteuses ou leur publication dans la presseÂ… Quand au Monde, sa position est inconnue, c’est sans doute une histoire sans importance pour les journalistes.

D’ailleurs, aucune des personnes concernées n’a du démissionner. Mieux, Anne Marie Raffarin, employée de son mari, les a appelées pourÂ… les réconforter !  » Le fait de faire de la politique en couple ou avec un membre de sa famille est le reflet de la vie moderne « . Quel terme pratique que  » moderne  » ! De même que les socialistes qualifient de  » progrès  » toute mesure dont ils sont à l’origine, voilà qu’à  » droite  » on devient  » moderniste  » ? On reconnaît cependant leur attachement aux valeurs familiales, où à la  » solidarité générationnelle  » quand Roselyne Bachelot donne un poste à son fils. Les journalistes appellent ça  » dynastie républicaine « , d’ailleurs, elle tenait son siège de son père 3. Après l’appropriation familiale, c’est désormais son extension à travers les générations : on est ministre de père en fille, de mère en fils. Attention à la consanguinité (intellectuelle)!

La droite a fait fi de toute considération morale à ce jeu, rejoignant hardiment la gauche après la décennie 80, de la décadence mitterrandienne. Et pourquoi s’en embarrasserait-elle ?  » Ce n’est pas la première fois que des conjoints, des fils, des filles deviennent des collaborateurs de personnalités politiques  » nous dit Le Monde, qui prend maintenant leur défense. Et de citer des exemples : le fils de Mitterrand, la femme de Jacques Toubon, celle de Lang, de Charasse, et la fille de Chirac ! La droite respecte donc la tradition, en bons conservateurs. Et la gauche ne saurait leur reprocher, sachant pertinemment qu’à la prochaine  » respiration démocratique4  » elle pourra à son tour faire entrer femmes et enfants dans les palais de la République !

De toutes façons, les intéressées5 assument : elles ont de l’expérience et se placent donc sur le terrain de la compétence pour justifier leur présence dans les ministères. Elles ont été attaché parlementaire, porte-parole, conseillèreÂ… Elles ont même, tenez vous bien, leur propre agenda : dîners, rencontres, colloques. Comme leurs conjoints, elles courent les fêtes, et s’organisent les leurs ! Mais d’où vient leur premier poste, si ce n’est de leur compagnon ? Qui osera dire que le roi est nu ? Certainement pas Le Monde en tout cas !

Comme au temps des courtisanes

Cela ne plaît pourtant pas à tout le monde : le chef de cabinet de Luc Ferry a démissionné. Et il lâche même cet aveu :  » Ce n’est pas l’existence de collaborateurs ayant un lien sentimental avec le ministre qui est nouveau : autrefois, on trouvait un bon nombre de maîtresses d’hommes politiques dans les cabinets ministériels « . Comme au temps du bon vouloir des princes, mais cela ne le gêne pas. Le problème ? C’est qu’il est plus dur de contrarier la femme du ministre que sa maîtresseÂ… Que les deniers  » publics  » soient dépensés pour donner un salaire à une personne en fonction de critères sexuels, peu importe, pourvu que son travail n’en soit pas affecté ! La morale des chefs a affecté celle des sous-chefs, et l’on imagine aisément que par osmose tout le personnel des ministères cherche aussi à faire profiter les amis et la famille des petits privilèges. Et que peut en dire un ministre ? Une fois en poste, il perpétuera la tradition, désormais bien établie, et silence, tout le monde est content !

La neutralité du ton de la journaliste du Monde, le manque total de condamnation reflète bien la proximité du journal avec l’establishment politique. Le pire n’est pas là cependant : il est dans la présentation de l’information. Le titre à lui seul résume l’intention : minimiser un scandale propre à mobiliser l’opinion publique. Faire passer du népotisme pour de la modernité, ou une affirmation des femmes en politique, c’est reprendre l’argumentation des ministres tel quel, sans l’analyser, en faisant juste écho.

Voir dans ce phénomène une modernisation, c’est démontrer une ignorance sans bornes de l’histoire. Il n’y a rien de neuf dans tout cela : le pouvoir a toujours été partagé avec les membres de la tribu, du clan, de la famille. Sauf que la démocratie impliquait tout de même une rupture avec les pratiques aristocratiques, et que longtemps cette pratique est restée condamnable y compris dans les textes de loi. Au regard de l’opinion aussi, cela posait problème. Mais l’opposition s’en fiche, et les seules réactions de citoyens sont du type  » tous pourris « . Alors quand la carte de presse se transforme en  » apologiste agréé « Â…

Plutôt que de raccourcir le roi de la République6 ou de demander une énième loi immédiatement abrogée, il faut se rendre à l’évidence : quelle que soit la forme de pouvoir, il sera toujours détourné de son but et servira les intérêts d’une clique. Etrangement la pratique est rare dans les entreprises privées. Mais ce n’est pas au Monde que l’on en tirera des conclusions. 1 Cf  » La République Fromagère  » de Michel de Poncins aux éditions Odilon Média
2 une de plus avec les tribunaux administratifs, les cours sociales, les prud’hommes et tant d’autres.
3 Toujours dans le même article du Monde
4 comprenez : défaite électorale de la droite
5 au féminin, car ce sont pour la plupart des femmes qui profitent des largesses du Ministre.
6 Dans une lettre à Jacques Chirac, un quidam, poursuivi par le fisc, adressait sa lettre au  » Roi de la République « . Il a été quitte pour une convocation au poste de police d’Argenteuil, ou il a subi une  » admonestation « , terme légal pour dire qu’un policier lui a énoncé qu’appeler Roi un Président constituait une insulte au Chef de l’Etat, qui comme chacun devrait savoir, est toujours un délit en France. Oui braves gens, le crime de lèse majesté existe encore en République de France !

Démocratie lycéenne

La propagande insidieuse au sein de l’éducation nationale se poursuit. C’est la période de l’élection du CVL (conseil de la vie lycéenne), organe consultatif et « représentatif » présidé par le chef d’établissement et composé par les « représentants » des élèves. Il s’agit d’introduire le tout-démocratique au lycée. C’est par cette porte, entre autres, que les élèves sont dressés suivant les valeurs du solidarisme et du démocratisme. Comme j’ai dû renoncer à une heure de cours en terminale scientifique pour que cette mascarade puisse être menée à bonne fin, je m’en suis expliqué sans trop me mouiller avec mes élèves. Ils veulent la démocratie, c’est-à-dire des décisions « collectives ». Mais si la décision est collective alors la responsabilité est « collective ». « Est-ce cela que vous voulez? ». Non, bien entendu. Les sanctions doivent être individuelles. Les évaluations aussi etc. La confusion est savamment entretenue dans leurs esprits. Le culte de la démocratie comme valeur ultime conduit les élèves à saper l’autorité du professeur. Si on est pas très attaché à l’autoritarisme (comme c’est mon cas), on laisse les élèves prendre possession de la parole et on se tait. Tout à coup ils comprennent que, s’ils veulent réussir, ils doivent oublier leur désir de prendre le pouvoir et travailler, laisser le cours se dérouler normalement. Et c’en est fini de la démocratie interne. Ce n’est pas la démocratie interne qui va répondre à cette question que tout élève doit se poser: pourquoi suis-je ici? Et considérer tout ce qu’implique la réponse.
La contradiction entre ce qu’implique la « démocratie participative » et l’acte même de se rendre à un cours est patente. Il n’est pas très difficile de la faire naître dans l’esprit des élèves.
Je constate aussi que la logique devrait être enseignée à l’école. Combien de déductions fausses passent directement de la paresse et du désir qui en découle à la conclusion frauduleuse. Dès qu’on en a l’occasion, sur n’importe quel sujet, on doit leur montrer la contradiction. Avec le principe de cohérence beaucoup de fausses valeurs sont balayées.

Obéissez aujourd’hui ou obéissez demain

Vous êtes kidnappé par des bandits, et le chef vient vous voir tous les jours, et chaque jour il vous dit: alors, vous rejoignez nos rangs ? Vous acceptez de vous soumettre à nous ? Si vous refusez, je reviendrai vous poser la question demain. Et après-demain. Et ainsi de suite jusqu’à ce que vous acceptiez de collaborer avec nous. Résister ne vous sert donc à rien. Image d’un film ? Non, c’est la vision que j’ai fini par avoir de la démocratie européenne, tout au plus une pseudo-démocratie pour ne pas dire une « dictature molle ».

Premier exemple: les irlandais revoteront bientôt sur le Traité de Nice, traité permettant un élargissement de l’Union Européenne. Revoteront ? Oui, les irlandais ont en effet déjà exprimé leur avis (je ne vais pas m’attarder sur le fait étrange que seuls les irlandais se prononcent et pas les citoyens des autres « démocraties », car ça visiblement ça ne choque plus personne), rejetant ce traité, et provoquant ainsi un véritable scandale dans la classe politique irlandaise et extra-irlandaise (comment ? laisser voter les citoyens ? mais vous êtes devenus fous en Irlande ou quoi ? vous voyez bien comme ils votent mal pourtant !).

A la limite, je peux comprendre qu’on embête les Suisses tous les 15 ans avec une votation sur l’UE, puisque d’une part cela constitue un délai raisonnable, et que d’autre part le droit d’initiative ne peut l’empêcher. D’ailleurs, les Suisses la rejettent de plus en plus largement, résistant aux pressions.

Mais là, dans le cas de l’Irlande, le revote se fera à peine plus d’un an après le premier vote ! Déjà le 15 juin 2001 j’écrivais: « on n’a pas envisagé une seule seconde la possibilité de se conformer au veto du peuple Irlandais, la solution énoncée ouvertement par les dictateurs de l’UE est de faire un NOUVEAU REFERENDUM, après avoir bien endoctriné le peuple. Autrement dit, la définition actuelle de la démocratie est d’approuver les décisions de quelques dictateurs, et si on n’obtempère pas, de se faire harceler jusqu’à ce qu’on le fasse. Ah, ça fait rêver l’Europe en contruction, non ? « 

Il va sans dire que si les irlandais avaient accepté ledit traité, on ne leur aurait plus jamais posé la question. Ah qu’elle est belle l’impartialité de la démocratie !

Esperons donc que les Irlandais résisteront comme leurs cousins helvètes aux pressions et en resterons à leur premier choix !

Deuxième exemple: la mairie de Vitrolles fut remportée par Catherine Mégret, du MNR (Mouvement National Républicain).

Comprenez, le monde devient de plus en plus vicieux, et désormais il y a même des gens qui se disent républicains tout en étant très méchants ! Alors attention, braves moutons-citoyens, ne confondez pas les méchants faux républicains du MNR et les gentils vrais républicains socialistes et umpistes ! Comment reconnaître les uns des autres ? C’est simple pourtant: les uns respectent la démocratie, les autres sont des fascistes qui annulent les décisions du peuple lorsqu’ils en sont mécontents. Ah, vous voyez toujours pas lesquels sont lesquels ? C’est normal, vous ne devez pas réflechir ! L’ignorance c’est la force ! Faites-donc ce qu’on vous dit!

Donc, braves moutons-citoyens, il se trouve que de faux républicains se sont insidieusement infiltrés, profitant des faiblesses de notre système électoral où quelques résidus de démocratie anti-républicaine demeurent, lesquelles d’ailleurs le très républicain Sarkozy va s’empêcher de corriger, rassurez-vous donc, se sont donc infiltrés à la mairie de Vitrolles ! Comprenez, braves moutons-citoyens, vous avez commis l’imprudence de les y aider. Heureusement, le Soviet Constitutionnel est clément avec vous, il vous laisse donc la chance de vous repentir ! Ne commettez pas la même erreur une seconde fois, et faites place aux vrais républicains !

Heureusement pour la République, les citoyens de Vitrolles purent réparer leur erreur, et chasser la vilaine fausse républicaine élue par le peuple, et la remplacer par un vrai républicain socialiste !

Braves citoyens, obéissez aujourd’hui ou obéissez demain !

Vous devriez être contents, on vous laisse encore le choix non ? D’ailleurs, dans les pays communistes, non n’appellons pas d’un si vilain nom des régimes aussi républicains ! Mieux donc: dans les pays de « démocratie populaire », lorsque l’on ne pouvait voter que pour un seul candidat, le candidat officiel du parti, vous savez ce qu’on se disait ? On se disait: Dans les autres pays, ils peuvent choisir si voter pour un candidat ou l’autre. Eh bien nous, nous pouvons encore choisir d’aller voter vendredi ou d’aller voter samedi !

Voilà donc où nos grandes « démocraties libérales » en sont arrivées.

On aime les fonctionnaires

Evidemment on aime les infirmières, les docteurs, les pompiers, la police… Mais aimer les fonctionnaires des impôts, de Bercy, de la « Culture », et les autres ? Encore une étude bidon donc.
A lire, comme d’habitude sur tf1.fr, les commentaires. Personne n’est dupe! En voici quelques uns… Amélie, Poissy:
« je pense que la majorité de votre sondage a été effectué dans la fonction publique d’où ce résultat bizarre »

Gizmo, Paris:
« Prenez un habitant de la région parisienne qui n’est pas fonctionnaire et qui prend les transports en commun tous les jours. Demandez lui ce qu’il pense des fonctionnaires. A mon avis il n’aura pas le même avis que le professeur d’école en province. C’est un sondage qui ne veut rien dire. Ce sondage n’interroge pas les personnes qui ont à faire auc fonctionnaires c’est impossible car sinon les mairies ne seraient pas aussi bien notées. »
Cette personne a raison: il faut ne pas avoir affaire aux fonctionnaires pour les apprécier. C’est ce que disait Bastiat il y a 150 ans déjà!

François, Paris:
« Je pense que ceux qui écrivent ce genre de prose devrait aller de temps en temps dans les mairies et préfectures pour réaliser des démarches administratives pour appréhender le quotidien des français. »les serviteurs de lÂ’Etat sont dévoués (68%), disponibles (61%), voire motivés (56%) », quelle propagande!!!! »

E.T., Nice:
« Ces sondages ont l’air aussi réaliste que les sondages pré électorale : qui trouve normale de payer le train pharaonique des représentant syndicaux et la gestion desastreuse du crédit lyonnais, des France Télécom, d’air france ou de la Poste? Qui se plaindra de la baisse de France télécom depuis l’ouverture à la concurrence ? et la baisse des voyages en avion depuis la fin du monopole d’air france ??? »

Les Moutons que nous sommes, Nice:
 » a quoi sert de faire un sondage quand on veut obtenir un ressultat falcifier qui ne reflette absolument pas la realité… d’après vous ??? Merci de ne pas me censuré!!! »
tf1 censure des commentaires de temps à autre… j’ai beaucoup de mal à me faire publier d’ailleurs.. trop libéral ?

grêve, en france:
« C’est pas vrai de lire des chose comme ça, à croire que le sondage à été fait auprés de ces mêmes fonctionnaires. C’est toujours grêve sur grêve,travailler moins et être payé plus et partir à 55 ans à la retraite. Pourquoi ne pas leur donner leur retraite au moment ou ils passent leur concours ou leur recrutement, ainsi s’ils ne travaillent plus alors fini les grêves. CQFD »

coutte, aix-en-provence:
« il y a lieu de prendre ce sondage avec : 1) beaucoup d’humour, 2) énormément de recul, 3)comme un bon coup de provocation de la part de ceux qui l’ont effectué ! rire. En fait, le véritable sondage est dans l’avis des internautes. »

Pauvre, France:
« N’importe quoi….. Les fonctionnaires coutent une fortune, et je ne sais pas ou ils ont vu serviable, a la poste on derange, a la mairie, on dernage, et je ne parle meme pas des impots!!!!! SERVIABLES? On aura vraiment tout entendu!!!!!!!!!!! »

françoise, paris:
 » Je n’ai pas à aimer ou détester les fonctionnaires et les agents du service public : je ne les respecte pas pour ce statut inadmissible que je voudrais voir disparaître. »

Daniel Gastel, Buc:
« TF1, vous savez que ce sondage n’est absolument pas crédible ! N’importe qui, n’importe où peut vous dire que les français ne supportent plus l’arrogance des fonctionnaires, leur suffisance et leur pouvoir de blocage de la société que leur offre le laisser-aller politique »

On se marre bien, n’est ce pas ? Il y a bien eu un ou deux commentaires « pro fonctionnaires », mais immédiatement « bâchés » par d’autres qui leur ont rappelés les grèves, l’inefficacité croissante de la Poste, la déconfitude de la Santé, les avantages incroyables des fonctionnaires…. Bref, les Français sont plus lucides que les sondages débiles!

La Chine moins communiste que la France?

Pendant qu’en France la Secu va de pire en pire, (voir cet article et celui-ci), la Chine tend a privatiser ses hôpitaux. Il y aurait actuellement 1,477 hôpitaux privés en Chine, sur 60’000 hôpitaux au total. Sur les dix dernières années, le nombre d’hôpitaux privés a profité d’une croissance exceptionnelle, et le gouvernement chinois a la volonté d’encourager encore plus les privatisations sur les trois prochaines années.

A ce rythme là, d’ici quelques années, les français iront se faire soigner en Chine.

Le meilleur système hein ?

Il faut vraiment être crédule pour croire que la Sécurité Sociale n’est pas au bord de l’écroulement. Cette semaine les articles se succèdent dans les journaux entre la publication des comptes de la Sécu et les plans budgétaires du gouvernement. Raffarin va-t-il libérer la santé ? Que nenni… ils vont agrandir le trou! Jean-François Mattei, grand loup libéral, vient de présenter son « plan quinquennal », comme au bon vieux temps de l’URSS. Enfin, bon surtout pour la nomenklatura, comme aujourd’hui! Point positif du plan: plus de pouvoir pour les agences locales. Pour le reste des déclarations absurdes: « Je chercherai à rénover l’hôpital en le rendant plus moderne et plus responsable, et en lui donnant les moyens d’assumer cette responsabilité ». Comprenez: je leur file du pognon, qu’ils se démerdent, moi j’assumerai rien! 6 milliards de francs sur 5 ans, voilà ce que ça va nous coûter.

Mieux, les financements pourront être privés maintenant pour les hôpitaux. Oui, avant seul l’Etat pouvait le faire. Complètement absurde. Autre mesure: « Les autorisations qui sont encore effectuées [au niveau national] aujourd’hui seront déconcentrées aux ARH ». Ca nous fait une belle jambe: ce sont toujours des fonctionnaires qui prendront les décisions. Pourquoi pas les hôpitaux directement ? En fait le mal est toujours là, fondamentalement rien ne change. Il est à peine édulcoré.

Pour contrer la pénurie de médecins et d’infirmières, pas question de libérer les salaires. Au mieux il y aura un relèvement du numerus clausus de 4700 à 5200 pour les étudiants en médecine… Libérer les salaires aurait permis aux volontaires de travailler plus, et de pallier à un manque local de main d’oeuvre, ou d’attirer des médecins étrangers peut-être ? Peine perdue. Dans 10 ans il y aura 500 médecins en plus. Dans DIX ANS! La pénurie, c’est MAINTENANT.

Il manque entre 10.000 et 20.000 infirmières aussi. Les infirmières espagnoles ne sont pas venues, ou sont reparties, et rien n’a été fait. Les 35heures vont encore aggraver la pénurie, au contraire. Mattei va sortir de son chapeau 45.000 infirmières parait-il. Des italiennes cette fois, M. Mattei ?

Pendant ce temps, près de 60 milliards d’euros sont déjà dans le budget des hôpitaux. 72% dépensés en salaires. Alors que 68% des hôpitaux sont vétustes (dixit Mattei lui même!!!). Alors que les cliniques privées sont 4 fois plus productives. Mais quand nous laissera-t-on nous soigner librement! Heureusement, je suis jeune. Heureusement mes parents sont en bonne santé. Mais dans 20 ans ? Même dans 10 ? La « Sécu » remboursera 10% des prescriptions, et les mutuelles feront le reste ? Tout en étant forcés de payer la « Sécu », on devra payer une seconde fois pour les soins ? Avec le « fils du printemps » au pouvoir, je crois que ce n’est pas demain la veille qu’on aura des soins libres en France, hélas. Et les morts vont s’accumuler, car il s’agit directement de vies humaines.

Les « libéraux-conservateurs »

Le critère de cohérence est plutôt négligé par les conservateurs. l’impôt non-redistributif est-il possible? Réfutation. « L’expérience ne peut pas l’emporter sur la logique. C’est le contraire qui est vrai » (Hans-Hermann Hoppe)

Les libéraux-conservateurs (c’est ainsi que veut être qualifié Guy Millière) ne s’embarassent pas du critère de cohérence car ils veulent tout à la fois que l’état se recentre sur ses missions régaliennes (justice et police) et interdire à celui-ci toute politique redistributive, soit ,en d’autres termes, adopter la « neutralité fiscale ».

La neutralité fiscale consiste dans l’idée qu’il existerait une fiscalité qui n’est pas redistributive.

Or ceci est impossible comme peut le montrer un raisonnement a priori fondé sur le fait de la subjectivité des préférences individuelles
(préférences qui se révèlent uniquement dans l’action: « la préférence démontrée » de Rothbard-Mises).

Les individus ont des échelles de préférences différentes. Or l’état décide que certaines préférences (pour la sécurité, pour le degré de sécurité…) seront privilégiées. Ainsi il y a redistribution: les ressources vont de ceux qui ont une échelle de préférences incompatible avec celle qui est imposée vers ceux qui ont une échelle de préférences compatibles. Ceci est vrai quelle que soit l’échelle des préférences des hommes de l’état. Qu’elle soit socialiste ou libérale-conservatrice.

Tout impôt (obligatoire par définition) est donc redistributif. Cette incohérence des libéraux-conservateurs ne semble pas les émouvoir beaucoup, la raison en est qu’ils pensent qu’il est utile socialement, ou utile du point de vue élevé de la Civilisation dont ils sont les prophètes, d’imposer certaines de leurs préférences à eux.

Les libéraux conservateurs sont donc d’accord avec les socialistes sur un point: l’état peut faire main basse sur les ressources pour réaliser ses préférences. Simplement ils ne sont pas d’accord sur les préférences.

Insécurité sécurisée

Les nouvelles mesures de Sarkozy font de la France un état policier, renforcant le pouvoir arbitraire des policiers et réduisant les libertés individuelles. Il est toujours amusant de voir comme les différents gouvernements s’empressent de se copier les uns les autres pour tout ce qui relève de mesures absurdes, mais étrangement ne font pas de même pour tout ce qui est positif. Ainsi, le gouvernement suisse ne rêve que de plagier Raffarin sur son programme pour la sécurité routière, alors qu’en Suisse le nombre d’accidents de la route est bien moindre qu’en France et est en constante diminution.

Par contre, étrangement, des gens aussi « ouverts d’esprit » que Robert Badinter, décidement toujours aussi prétentieux, se donnent le droit de rédiger des constitutions européennes, pour lesquelles le moins que l’on puisse dire, pour reprendre le langage de la gauche, c’est qu’elles ne sont pas très « innovatrices ». Ainsi, ce cher Badinter reprend exactement les mêmes principes anti-démocratiques qui montrent jour après jours leur inefficacité – un président aux pouvoirs non clairement définis, d’ailleurs même pas élu par la population, un premier ministre au pouvoir bien trop important, une vague représentation des Etats, sous forme de représentants apparamment même pas élus, un éxécutif non-représentatif de la population… Et tout cela prétendant garantir la « souveraineté du peuple européen »…

Alors que la Suisse a une longue tradition de fédéralisme démocratique, dont il suffirait de s’inspirer. A moins que monsieur Badinter soit nationaliste au point de refuser un système politique simplement parce qu’il n’est pas issu de la grande France ? Ou tout simplement arrogant au point de le refuser parce qu’il n’est pas issu de lui ?

Mais c’est au sujet de l’insécurité que la comparaison entre les politiciens de ces deux pays devient vraiment intéressante. Dans les deux cas, on a une droite qui propose depuis longtemps des mesures plus ou moins discutables pour renforcer la sécurité, et une gauche qui fait la politique de l’autruche. Tout comme la gauche française, la gauche suisse s’empressait de hurler au scandale face à ces mesures, jusqu’au moment où, assez brutalement, elle a changé radicalement d’avis pour proposer des mesures encore plus sécuritaires, électoralisme oblige. Clamant bien sûr que, elle, c’était pas pareil. J’avais fait alors le commentaire suivant:

Ainsi donc, il y aurait d’un côté une manière « gentille » de mettre des flics partout, des flics gentils, des flics de gauche, ouverts, sympathiques, tolérants, et de l’autre, il y aurait la « dérive sécuritaire fascisante », celle de céder à la « tentation » nauséabonde de l’état policier, en mettant de « méchants » flics partout, de droite (ouille) renfermés sur eux-mêmes et ne rêvant que de flinguer de l’immigré, de gros nazis mal rasés en somme…

En somme, comme d’habitude, quand c’est le PS qui propose des mesures répressives voire discriminatoires, c’est normal, c’est bien, c’est gentil, c’est in, c’est de gauche, mais quand c’est la droite qui propose exactement la même chose, c’est de droite, donc c’est mal.

Visiblement, ce commentaire est tout aussi valide pour la France, si ce n’est que la France est un pays de gauche, tout de même, et où donc ce n’est pas la gauche qui a fait ledit retournement de veste, mais la « droite » (j’ai tout de même un peu de peine à qualifier ainsi des gens qui reprennent le programme d’Attac, mais enfin, admettons).

Comprenez donc mon amusement de voir Le Monde nous pondre un joli édito intitulé « Libertés menacées » (depuis quand Le Monde défend-t-il la liberté ?), avec, juste en dessous, suggérant subtilement un lien entre les deux, « LA DROITE » (oui, en majuscules). Vous ne le saviez donc pas, que seule la droite peut menacer les libertés ? Vous avez déjà oublié ces merveilleuses années de liberté sous Jospin ?

En résumé, les nouvelles mesures de Sarkozy font de la France un état policier, renforcant le pouvoir arbitraire des policiers et réduisant les libertés individuelles. Il serait tentant de dire que « ils sont allés trop loin, mais au moins on sera en sécurité », mais personnellement je doute que toutes ces mesures aient un quelconque effet sur la criminalité. La structure étatico-juridique est ainsi faite que les policiers rechigneront toujours ‘ aller dans les quartiers dangereux, se feront toujours corrompre, et seront toujours tentés d’abuser le leurs pouvoirs. Après tout, ils ont un chef qui leur donne le bon exemple: Jacques Chirac, lequel respecte toutes ses promesses électorales, est un exemple d’honnétêté et de compétence, et a un parcours irréprochable sans le moindre crime ou délit ! (nonon, je ne suis pas ironique du tout… ironiser sur Chirac, moi ? quelle idée…)

Plus en détails, dixit le Monde: Les pouvoirs de la police sont considérablement étendus, notamment en matière de garde à vue, le fichage génétique des suspects est autorisé, les possibilités de perquisitions et d’écoutes téléphoniques sont multipliées et de nouvelles infractions sont créées, pénalisant la mendicité ou la prostitution (…) Le « droit au silence » en garde à vue serait supprimé. (…) Le projet du gouvernement étend d’ailleurs les possibilités de perquisitions la nuit ou sans le consentement de la personne, ainsi que la mise sur écoutes téléphoniques, qui ne sont aujourd’hui autorisées que dans le cadre d’une instruction.

Le but des mesures répressive ? Selon le ministère de l’intérieur: « permettre à la police et à la gendarmerie de travailler. » Tiens, la police va se mettre à travailler ? Voilà qui est intéressant, c’est presque à se demander ce qu’ils faisaient jusque-là, notamment pendant la période où Chirac était déjà au pouvoir… (il me semblait bien que la police ne devait pas beaucoup travailler quand la criminalité augmentait de 20 %, à l’époque pourtant où Chirac devait bien travailler puisqu’il n’avait pas encore l’excuse de la cohabitation…)

Pour finir, le délire total: 2 000 euros d’amende pour absentéisme scolaire ! Le but ? Selon Sarkozy: « prévenir la délinquance des mineurs ». Donc, les gosses sont des criminels, et c’est en les mettant dans des classes – où ils ne perturberont certainement pas le bon déroulement du cours – qu’il faut les empêcher de commetre des crimes ? Quelle vision humaniste de notre jeunesse !

Il est à relever que là aussi une comparaison avec la Suisse s’impose, puisque depuis cette année, du moins à Genève, l’absentéisme au collège (lycée) est punissable d’un refus de délivrer la matu (le bac), la décision appartenant bien entendu au Herr Direktor, et le tout étant bien sûr fait uniquement « pour notre bien ». (sic) Le plus inquiétant, c’est que selon les dires-mêmes du prof qui justifiait ces mesures absurdes par l’éternelle rengaine « c’est pour votre bien », les élèves qui séchaient les cours étaient bien souvent les mêmes que ceux qui étaient en échec, ce qui démontre parfaitement bien l’auto-régulation du système. Mais pour ces braves gens tellement préoccupés par notre bien, c’est une justification de plus pour restreindre nos libertés. Allez comprendre.

L’insécurité est un problème grave, il serait naif de le nier. Mais il serait encore plus naif de croire que la même institution qui l’a engendrée, l’Etat, puisse désormais le résoudre, la naiveté atteignant son paroxysme dans un pays comme la France ou le pouvoir est resté dans les mêmes mains (la main gauche et la main droite) depuis des décennies.

Le meilleur système au monde

Depuis le régime de Vichy, les Français bénéficient de la Sécurité Sociale, système de soins « gratuits » pour les « assurés sociaux ». Après quelques années fastes, avec des taux de chômage proches de zéro, une population jeune et en croissance, la Sécurité Sociale accumule les déficits depuis environ 30 ans. Le déficit 2001-2002 atteindrait quelques 3.3 milliards d’euros, après 3 années excédentaires. Ceci dit, la situation en France n’est pas aussi catastrophique pour les malades qu’elle peut l’être en Angleterre, ou en Allemagne. Dans un reportage sur Arte1 , on a par exemple entendu un médecin allemand déclarer « comme d’habitude, ce sont les plus faibles qui souffrent le plus ». Avec un système de quotas, les médecins allemands refusent des malades chroniques, sources de dépenses importantes, les vieux, qui demandent beaucoup de temps et des dépenses élevées. En Angleterre, une fillette de 10 ans n’a pas eu de traitement contre sa leucémie, elle avait « des chances de survie trop limitées ». D’autres patients attendent des mois de rencontrer un spécialiste, tandis que la fermeture d’hôpitaux à Londres a accru la mortalité lors de transferts aux urgences, rallongés de précieuses minutes perdues dans les embouteillages…

La situation est-elle meilleure en France ?

En fait, la situation en France n’est pas meilleure. L’Angleterre ou l’Allemagne ont simplement de « l’avance ». En France aussi il y a des quotas de soins pour les médecins et les infirmières. Il y aussi les problèmes d’hôpitaux surchargés alors que d’autres sont sous-utilisés. Il y a toute la gamme des restrictions financières, des déséquilibres de comptes, des arriérés de paiement, le même désarroi des docteurs à qui l’on demande de soigner mais que personne ne voudrait payer… Alors pourquoi s’acharner à conserver ce système ?

Plusieurs raisons à cela : d’abord il profite bien à certains ! Ensuite, les « assurés » sont pour la plupart convaincus qu’il est fondamentalement efficient, avec quelques problèmes mineurs, principalement dus à un « manque de moyens ». Cela s’exprime au travers du très courant « la sécurité sociale, le meilleur système au monde »2 . Enfin, dès lors qu’une alternative est envisagée, elle est immédiatement rejetée au motif que cela créerait une « médecine à deux vitesses ».

Effectivement, le système est mal géré, et le « manque de moyens » résulte pour une grande part d’une mauvaise allocation des ressources, et d’une gestion médicale défaillante.

Les hôpitaux privés sont par exemple plus productifs dÂ’un ordre 4 si lÂ’on compare les accouchements ou les traitements du cancer : 50% des naissances et 50% des chimiothérapies pour 20% des cliniques. Faites vos compte : le même résultat (50% du travail) pour 80% du personnel dans le public ! La différence ne sÂ’explique pas par les « missions de service public » telles que lÂ’obligation de recherche, ou lÂ’enseignement, qui apportent au moins autant de publicité en prestige quÂ’elles doivent coûter réellement. La « continuité des soins », c’est-à-dire la capacité dÂ’accepter de nouveaux malades en continu, existe depuis belle lurette dans les cliniques privées.

Côté gestion médicale défaillante, il y a tout simplement des examens donnés trop fréquemment, des traitements faits en l’absence de diagnostic clair, des opérations inutiles, des prescriptions qui ne suivent pas les recommandations…

Personne ne cherche la cause fondamentale

Bref, si tout le monde sait que ça ne marche pas, personne ne semble vouloir s’adresser aux causes premières du désastre qui prend forme sous nos yeux. Les alternatives sont balayées au nom de l’égalité, mais n’est ce pas l’état sanitaire de la population qui devrait faire office de critère de jugement dans ce domaine ?

L’égalité aujourd’hui n’existe pas, ne nous leurrons pas. Il n’y a pas le même niveau de soin partout en France 3 : manque de médecins dans le Nord, couverture hospitalière en milieu rural insuffisante… Sans compter que certains départements, comme le 93, avec des populations immigrées en accroissement constant, voient arriver des pathologies inconnues en Europe, ou éradiquées depuis bien longtemps : cela impacte la capacité à soigner d’autres patients, engorge les urgences et les hôpitaux. D’autre part, souvent insolvables, même par la « CMU » 4 car illégaux, les urgences traitent des cas banals qui ont dérivé vers des cas graves : tuberculoses ou plaies gangrénées !

Au plan international aussi, il existe une médecine à plusieurs vitesses : entre l’Angleterre qui envoie ses patients vers la France, la France qui en envoie en Allemagne et aux USA (pour des traitements en cancérologie ou maladies rares), on s’aperçoit bien qu’il y a une grande disparité. A quoi bon avoir une médecine « égalitaire » en France, si elle doit être de seconde classe ? On peut faire pire, soit, mais il y a mieux !

Il faudra donc bien abandonner ce système en bout de course, et il n’y a pas 36 solutions pour cela : il va falloir rendre la santé aux individus et aux médecins. Quelques mesures simples permettront de défaire l’étau de l’Etat sur le secteur de la santé : fin du numerus clausus, nombre de médecins formés en France dans les universités, privatisation des hôpitaux, choix de la caisse d’assurance et du niveau de couverture par les assurés eux-mêmes (donc mise en concurrence de la Sécurité Sociale), libération du prix des médicaments…

Qu’adviendrait-il alors ? Si tous les hôpitaux s’alignaient sur les standards de productivité des cliniques privées, il n’y aurait plus pénurie d’infirmières et de spécialistes 5, mais pléthore, puisque avec 40% du personnel 100% des actes seraient assurés. Si les infirmières libérales pouvaient librement fixer leurs tarifs, ainsi que les médecins, on verrait peut-être les facultés de médecine se remplir, au-delà des numerus clausus actuels.

Le choix de la compagnie d’assurance permettrait des gains de productivité sur le traitement des « feuilles de soin », et les médecins n’auraient certainement plus à faire le secrétariat de la Sécu. Les médecins verraient par ailleurs leurs emplois du temps s’alléger, certains travaillant plus de 14h par jour 6 jours sur 7 (en milieu rural souvent).
Mais le gain réel se trouverait dans le niveau de remboursement : si les frais de gestion baissent, il en résultera un taux de remboursement en hausse.
Bien sûr, les assureurs privés cherchent le profit, et peut-être une partie des gains y sera affectée, mais la concurrence permet de jouer contre cet effet. D’autre part les compagnies d’assurance font plus de profits à placer l’argent des cotisations sur les marchés monétaires qu’elles n’en font sur les primes d’assurances elles-mêmes.

Tous égaux devant la pénurie

On va bien entendu parler du sort des pauvres. « Ah oui, mais les pauvres, comme aux USA, ils n’auront rien, ils ne pourront se prendre d’assurance …» Pardon ? En France, c’est 10% du PIB qui est consacré aux dépenses de santé. Les privatiser permettra certainement comme je l’ai expliqué d’économiser sur cette somme. Ensuite il y aura toujours une part de charité, au travers des assureurs soucieux de leur image. Enfin, l’offre sera diversifiée : certains choisiront des couvertures à minima, d’autres plus étendues. Là encore c’est une affaire de choix personnels : quel smicard aujourd’hui sait réellement ce qu’il dépense en Sécurité Sociale ? qui sait si au lieu d’une protection sociale plus importante certains ne préfèreraient pas d’autres biens ? La concurrence permettra de faire émerger des offres adaptées chez les assureurs, et baissera le coût des soins globalement.

Il y aura des perdants dans le changement : les syndicalistes qui vivent sur la Sécurité Sociale au travers de la « cogestion ». Dans un premier temps, les infirmières risquent de perdre des revenus liés aux avantages de la fonction publique (35heures, salaires élevés, vacances, congés spéciaux…). Mais combien touche une infirmière en Suisse ou aux USA aujourd’hui ? Il est certain qu’à long terme, étant donné les responsabilités, le niveau de connaissance, et le travail fourni par les infirmières celles-ci auront des salaires plus importants que dans la situation actuelle.

Si je peux être aussi sûr des effets positifs d’une libéralisation, c’est pour une raison bien simple : avec la perte de la liberté, la responsabilité s’envole aussi. Si aujourd’hui tout marche de travers dans la santé, c’est parce qu’il n’y a jamais de responsables. Dans un système où la seule règle est : faites ce que vous voulez, tout est gratuit, il fallait bien s’attendre à une catastrophe. Le vrai drame cependant n’est pas dans le déficit faramineux, ou les dettes accumulées. Le drame, c’est que tout cela va conduire à des morts. Alors, êtes vous prêts à laisser votre vie dans les mains de fonctionnaires? Attention, il en va de votre vie.
1: diffusé mardi 24 septembre à 20h45 dans le cadre d’une soirée « comment va la santé publique ? » plus d’infos sur Arte-tv.com
2: voir à ce sujet « Propagande et mensonge sur le meilleur système de santé au monde » par Denis Dupuy Conscience Politique
3: idem
4: couverture maladie universelle : filet de sécurité sociale accordé à tout le monde sans distinction résidant en France.
5: Obstétriciens, chirurgiens, ophtalmologistes, médecins et spécialistes, infirmières, anesthésistes, gynécologues… La liste est longue des spécialistes en pénurie !

Terrorisme pâtissier

Chevènement a retrouvé son entarteur devant un tribunal le 20 septembre. Le champion de la citoyenneté voulait donner une leçon citoyenne, Noël Godin l’entarteur a trouvé une tribune pour exposer sa philosophie. Peut-on vraiment donner tort à ce moraliste: «  »Jean-Pierre Chevènement est la tête à tarte par excellence », explique doctement M. Godin, sous les rires d’un public gagné à sa cause. « Voilà trente-deux ans que j’ai entrepris une croisade pâtissière contre des personnalités se prenant très au sérieux. L’attentat pâtissier est une sorte de matérialisation de la lettre d’insulte, avec des mots qui sauteraient à la figure et dégoulineraient dans le cou »
Certes, on ne peut pas donner raison à Godin pour ce qui est du passage à l’acte. Il y a tout de même agression, même bénigne.
Mais la question a été posée: une tarte à la crème peut-elle entrer dans la catégorie des « armes par destination », même « symboliques » ? Est-elle susceptible de causer un préjudice physique ? Non, affirme l’entarteur en précisant que l’épaisseur de crème fouettée « formant coussin » est justement destinée à ne pas blesser. « Il n’est question que de faire bobo à l’ego exacerbé de nos victimes », se défend-il.

Si l’entartage des politiciens qui se prennent pour des demi-dieux indispensables était une façon douce et symbolique de rétablir la tradition antique grecque de l’ostracisme la classe politique serait vidée très rapidement. Il est tellement vrai que les politiciens créent les problèmes qu’ils se proposent ensuite de résoudre, qu’on doit poser la question de leur utilité.